La thématique des modèles et transferts traverse de larges domaines des sciences sociales et humaines. Dans cet ouvrage il s’agit en effet d’interroger dans une perspective de croisement disciplinaire ce que signifient ces notions ” transferts ” et ” modèles ” dans les pratiques sociales contemporaines qui se déroulent dans et avec les Afriques. En sciences politique et administrative, ces thèmes ont d’abord été évoqués dans les travaux consacrés aux pays en développement. On s’y interrogeait sur la manière d’accélérer les ” processus de modernisation ” mais aussi sur les difficultés d’appropriation de ces innovations importées par d’autres sociétés et confrontées à d’autres trajectoires sociales. La ” révolution ” néo-libérale de la fin des années 1970 a été marquée par la multiplication des mouvements d’export-import des modèles de gestion sociale, politique et économique, portées par les grands organismes internationaux dans le sillage de la Banque mondiale et de l’OCDE. Ce mouvement a été amplifié ensuite par la libération des anciennes républiques populaires d’Europe de l’Est et par l’émergence des nouvelles puissances asiatique et latino-américaine, en partie fondée sur les transferts appropriation des modèles de dérégulation. La littérature consacrée aux pays du Nord ou à l’impact de l’aide internationale sur les Etats et sociétés bénéficiaires a remis aujourd’hui au centre de ses interrogations les transferts de modèles qui accompagnent systématiquement ces mutations, soit pour analyser les phénomènes de globalisation et d’harmonisation, soit pour tenter d’en interpréter les significations sociales et de les évaluer. On ne peut cependant que regretter le peu d’empressement que les spécialistes des sciences sociales travaillant sur des terrains particuliers (ici le Nord) manifestent pour lire des recherches menées dans les pays du Sud.
Dominique Darbon est professeur de sciences politiques à Sciences Po Bordeaux et chercheur au Centre d’étude d’Afrique noire. Il s’intéresse aux processus d’institutionnalisation dans les Etats et sociétés héritiers de modèles extérieurs qu’ils sont censés réapproprier selon leur historicité propre, tout en étant en permanence soumis à l’injonction de devenir comme les autres Etats et sociétés. Son travail porte notamment sur la production des institutions administratives et sur leurs mutations en Afrique anglophone et francophone.
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