Cicatrices

« Cicatrices », si profond…

Cicatrices est une histoire d’amours. Amours bafouées, trahies, éteintes, ravivées…mais amour, à la fin.

L’auteure, à travers le parcours d’une femme aujourd’hui adulte, mais qui vit un amour depuis la sortie de l’adolescence, raconte les mille et une péripéties que peut connaître une femme, camerounaise, africaine, dans sa quête et sa construction avec l’âme sœur. Après avoir fait face à toutes les vilenies de la vie avec la belle famille, après avoir traversé les eaux tumultueuses des parcours professionnels à accorder avec celui de l’autre, après avoir accompli avec succès la « corvée » des enfants à élever et à rendre indépendants, le plus compliqué est à venir : la trahison de l’autre, alors qu’on s’apprêtait à se laisser bercer par le long fleuve tranquille d’amour qui a mûri.

D’ailleurs, existe t-il, cet amour sans tâches qui vous accompagne jusqu’au denier souffle ? Sans doute non, nous dit Céline Magnéché Sika, car peut-être, chacune doit sans aucun doute, apprendre à se créer le sien, dans une sauce dont le pardon peut être le sel.

Au-delà de l’intrigue amoureuse, il y a la trame d’une société africaine bloquée par des hommes politiques qui ont fait de la corruption leur raison d’être et de la maltraitance des citoyens, un plaisir sadique. A coups de scalpel rageurs, l’auteure dépeint cette société-là.

Il en ressort un humanisme profond, comme si l’humanisme teinté de féminisme avait une saveur et une texture autres : en donnant ainsi en holocauste leur amour, les femmes ne sont-elles pas finalement celles qui permettent à la vie de continuer ? Et si tout ne devrait être que loi du Talion, où un coup de poignard répondait à un coup de canif, où en serait l’amour ? Et l’humanité ?

Dans un art de la conduite de l’intrigue maîtrisé, l’auteure prend par la main le lecteur, et de manière haletante le mène du début à la fin de l’histoire, sans qu’il ne s’en aperçoive. Une lecture au cours de la quelle on ira de l’étonnement au suspense, bien sûr avec sur le chemin, comme de petites balises, ces pointes d’humour et d’humeur.

J’ai aimé ce livre.

Haman Mana