Le corps n’est pas seulement marqueur d’une identité notamment sexuée, mais possède un réel pouvoir transformateur, aussi utilisons-nous l’expression de « transformation corporelle ». Dans la mesure où le corps agit sur l’identité, nous proposons le concept de « corps-identité », notion qui signale le rôle fondamental que joue l’ordre du corporel. Si les rituels modifient le statut de la personne, il en est de même des chirurgies, attestant que le corps/identité est fondamentalement en devenir et non donné une fois pour toute. L’acte chirurgical, non dénué de souffrance, porte en soi l’avènement d’un nouveau corps mais aussi d’une existence inédite, le geste même de couper qu’implique toute chirurgie renvoie fantasmatiquement à la perspective de rompre avec le passé afin de changer de statut et d’existence, la transformation corporelle accomplie étant à la fois physique et identitaire.
En dépassant le clivage établi entre nature et culture ainsi qu’entre rituel et chirurgie, nous mettrons en perspective les chirurgies du clitoris (excision, clitoridoplastie), de l’hymen (défloration, hyménoplastie/certificats de virginité), des lèvres vaginales (nymphoplastie), du vagin (accouchement, vaginoplastie), des seins (mastectomie, reconstruction mammaire), du sexe pour les intersexes et trans, de l’implant cochléaire pour les sourds, dans une approche qui unit anthropologie, psychanalyse et études de genre, car si certaines de ces « chirurgies sexuelles » sont qualifiées de « posthumaines » dans la mesure où elles viennent queeriser les corps, la plupart procèdent a contrario à leur sexuation et à leur sexualisation.
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