Cet ouvrage rassemble des travaux qui analysent et décrivent ce qui arrive aujourd’hui aux frontières physiques de ces pays dont la proximité aux centres mondiaux du capitalisme réinvente le statut. De bords oubliés du monde, ces frontières désormais plantées sous les projecteurs des médias sont régulièrement montrées du doigt pour leur caractère crucial par les discours politiques. Mexique-USA, Maroc-Europe, ces lieux frontières sont devenus centraux, par la conjonction d’un double processus à bien des égards paradoxal. Car d’un côté, avec le renforcement d’un ensemble de dispositifs de fermeture et de contrôle du passage et du franchissement, ces frontières se veulent mises en scène d’un processus de dramatisation et de criminalisation des parcours migratoires « subalternes », tandis que d’un autre côté, l’installation de lieux de production fait de la frontière l’un de ces « ateliers » industriels où se réinvente silencieusement une part cachée des cadres économiques et sociaux du capitalisme mondialisé. Confrontation qui se résume en un paradoxe, lorsque la frontière est « zone franche » infranchissable.
C’est donc tout l’intérêt de cet ouvrage que de rassembler dans une mise en perspective comparative des lieux très éloignés, du Mexique au Moyen-Orient en passant par le Maroc, qui ont en commun d’avoir vu leurs frontières devenir des laboratoires de la modernité, mais aussi de mettre en résonance deux champs de recherche qui se rencontrent peu, celui de la sociologie des nouvelles dynamiques migratoires et celui de la sociologie des nouveaux mondes industriels. Cet ouvrage veut d’abord mettre en évidence, décrire et exposer depuis l’intérieur des situations de travail et de circulation, ce qui se trame et s’organise dans les univers d’ordinaire peu exposés des zones frontalières de travail et de passage.
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